Nous sommes désormais dans un monde qui est passé du « travail sans frontières aux frontières du savoir ». L’économie du futur s’installe dans les réseaux de compétences des filières professionnelles. Les Canadiens ont lancé dès 1997, les « Réseaux de Centres d’Excellence » (2). Ils regroupaient en 2004, 20 réseaux spécialisés dans des domaines comme les technologies de l’information, le télé-enseignement, la technologie du béton, la pâte à bois, la robotique et l’ingénierie des protéines ainsi que les problèmes de gestion des ressources naturelles. Ils relient 48 universités, 37 hôpitaux, 76 organismes gouvernementaux, 65 instituts de recherches et 405 entreprises. En 2003, l’emploi dans l’ensemble des réseaux représentait 6500 professionnels dont 1400 professeurs et étudiants pour 22 RCE. Ils ont déposé 179 brevets et plus de 100 licences. Et surtout, ils ont décloisonné et dynamisé un nombre croissant d’acteurs divers qui ont découvert que l’on pouvait créer des chaînons manquants (des entreprises et des emplois) en conciliant la recherche avec les affaires. Ils ont ainsi généré 109 sociétés par essaimage.

L’enjeu est de rompre l’isolement des PME face à l’internationalisation des marchés. La réponse moderne au problème des délocalisations consiste à transformer une attitude défensive en opportunité offensive de pénétration de marchés nouveaux en favorisant les grappes d’entreprises qui se fédèrent à partir de leurs pays d’origines pour s’implanter à l’international. Cela signifie pour le gouvernement qu’il lui faut encourager les grandes entreprises et les collectivités territoriales (mais oui !) à parrainer des réseaux d’excellence qui s’installent en territoires « étrangers » comme le faisait autrefois les bourgeois de St Malo lorsqu’ils finançaient les bateaux de commerce qui s’aventuraient « en Indes ». Nous devons adapter et promouvoir des incitations fiscales afin d’encourager les collaborations entre entreprises qui favorisent des implantations à l’étranger. Multiplier les plateformes et les réseaux de services dédiés à l’E. Collaboration associant recherche, universités et entreprises dans des communautés professionnelles spécialisées (Les futurs réseaux savants évoqués dans Netbrain). Au final, pour un Etat, soutenir les réseaux d’excellences professionnelles revient à soutenir des leviers économiques du développement durable et la présence française dans les réseaux d’affaires internationaux.

Extrait de Netbrain. La Lettre d’Eurotechnopolis Institut, Novembre 2004
(1) : « Les Echanges intragroupes dans la mondialisation », Ministère de l’Industrie, Sessi (20 avenue de Ségur, 75353 Paris) (2) : http://www.nce.gc.ca/indexfr.htm

 

 

Précédent

La difficulté à voir et l’importance de se préparer à demain

Suivant

La Conciergerie d’entreprise mieux disant social

A propos de l'auteur

Denis

Denis Ettighoffer, fana de science-fiction, auteur de « L’entreprise virtuelle », le livre qui l’a fait connaître en 1992 est un des spécialistes français reconnus dans l’étude projective de l’impact des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication). Ses contributions à la réflexion sur les évolutions des sociétés, des modèles économiques et organisationnels sont nombreuses. Sa spécificité réside dans sa capacité à analyser le présent, pour en extraire les orientations économiques et sociétales stratégiques pour les décennies à venir. Son parcours atypique aura forgé chez lui une pensée singulière. Son dernier livre, « Netbrain, planète numérique, les batailles des Nations savantes » (Dunod) a reçu le prix du livre du Club de l’Economie Numérique en 2008. Denis Ettighoffer un temps Membre correspondant de l’Académie de l’Intelligence économique collabore désormais avec l’équipe d’IDEFFIE (Développement de l’expertise française et francophone à l’international et en Europe ) .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

2 × 3 =

Voir aussi

20 − deux =