Le vrai débat de notre époque est celui de «l’optimisation de nos ressources» afin de faire en sorte que l’organisation du temps soit adaptée à la vie de chacun, selon son age, ses besoins d’argent, ses capacités physiques et intellectuelles et maintenant du bilan énergétique global.  Avec la semaine de travail de quatre jours nous pourrions réduire le coût des transports, la pollution et la dépense énergétique.

Le débat sur les 35 heures, m’a toujours semblé trop doctrinaire. L’aménagement du temps de travail est le fruit d’un long et lent compromis historique entre acteurs sociaux qui suit les nouveaux modes de travail. Aussi, imposer une réduction autoritaire à 35 heures n’était pas indiquée. Il fallait agir en souplesse et par la négociation compte tenu de la dérégulation croissante des temps de travail qui affecte plus de la moitié de la population active. On ne peut intervenir isolément sur le temps de travail de l’individu sans prendre en compte le temps de l’entreprise et de fil en aiguille, sans tenir compte du temps de la société : finalement, s’intéresser vraiment aux temps de l’homme et à sa capacité  de travailler mieux pour vivre mieux. La question principale posée par la réduction du temps de travail implique de savoir d’abord comment se transforme le monde du travail par rapport aux évolutions de la société et de l’économie. Réguler les temps des acteurs socio économiques nécessitait une approche, une ingénierie globale. Il faut accepter l’idée de travailler plus longtemps mais moins durement et raisonner à la fois en termes de charge de travail mais aussi en termes de rythme de travail. Tout le monde est capable de travailler beaucoup, pas forcement longtemps, chacun a son rythme. Avec l’ouverture d’un compte d’épargne temps, utilisable à la demande, nous souhaitions dans notre livre « Du Mal travailler au Mal vivre » créer des espaces temps pour « poser le sac ».

quatre joursLe vrai coût des 35 heures apparaît aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que de la même façon qu’il existe dans les entreprises des coûts cachés. Il existe une productivité cachée. Lorsqu’une économie va bien elle tourne en mobilisant un stock travail qui ne compte pas ses heures. Lorsqu’une entreprise demande aux gens de travailler 40 heures, ils en travaillent en moyenne deux ou trois de plus mais ils sont payés 40 heures. Cela est vrai en période de croissance.  Ainsi quand on est passé aux 35 heures on a continué à travailler plus. Le coût de ces 35 heures ont été « payés » par le gel des salaires mais aussi par cette productivité cachée. Les salariés ont travaillé en flux tendus, en diminuant les pauses, en restant plus longtemps etc.. En fatiguant plus ! Mais qu’advient-il quand nous sommes dans une période, disons récessive ? On perd le bénéfice de cette productivité cachée. Avec les difficultés que l’économie rencontre aujourd’hui, on réalise quel est le vrai prix des 35 heures. Si on voulait faire vraiment les 35 heures, on aurait du le faire en 4 jours. On s’aperçoit aujourd’hui de la réalité du problème de la réduction du temps de travail et des nouvelles régulations à mettre en œuvre. Nous devons faire face à un monde du travail caractérisé par le développement des services et de l’économie immatérielle où le télétravail et la téléprésence jouent un rôle croissant dans la déspécialisation des temps et des espaces de travail.

On peut envisager une répartition des tâches en fonction des rythmes de travail, à partir aussi de la capacité individuelle de chaque salarié travaillant plus longtemps, puis en fonction des contraintes de fonctionnement de l’entreprise. Il faut être encore un fringuant quadra aux affaires pour croire qu’arrivé à 60 ans ont garde suffisamment la « pêche »  pour travailler sans réduire progressivement notre taux d’activité et durer encore longtemps.Voilà pourquoi modifier le rythme de travail hebdomadaire pourrait s’avérer intéressant. Si au lieu des 35 heures, on avait parlé des 4 jours, l’effet sur les coûts globaux aurait été tout de suite visible y compris au delà du périmètre de l’entreprise. Je reste convaincu que les effets bénéfiques de la modification des rythmes de travail auraient été immédiatement perceptible, y compris dans le maintien des populations au travail. On aurait laissé les entreprises et les représentants des salariés réguler le 5ème jour. Il serait intéressant d’encourager le développement des expériences des 4 jours déjà en place dans de rares entreprises. De plus cette option serait la bienvenue à un moment où il nous faut réduire le coût des transports pour cause d’augmentation de la pollution et du prix de l’énergie. Le débat de notre époque est désormais celui de «l’optimisation de nos ressources» afin de faire en sorte que l’organisation du temps soit adaptée à la vie de chacun, selon son age, ses besoins d’argent, ses capacités physiques et intellectuelles et maintenant du bilan énergétique global. On fait bien des produits à la carte. Inventons le travail à la carte !

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A propos de l'auteur

Denis

Denis Ettighoffer, fana de science-fiction, auteur de « L’entreprise virtuelle », le livre qui l’a fait connaître en 1992 est un des spécialistes français reconnus dans l’étude projective de l’impact des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication). Ses contributions à la réflexion sur les évolutions des sociétés, des modèles économiques et organisationnels sont nombreuses. Sa spécificité réside dans sa capacité à analyser le présent, pour en extraire les orientations économiques et sociétales stratégiques pour les décennies à venir. Son parcours atypique aura forgé chez lui une pensée singulière. Son dernier livre, « Netbrain, planète numérique, les batailles des Nations savantes » (Dunod) a reçu le prix du livre du Club de l’Economie Numérique en 2008. Denis Ettighoffer un temps Membre correspondant de l’Académie de l’Intelligence économique collabore désormais avec l’équipe d’IDEFFIE (Développement de l’expertise française et francophone à l’international et en Europe ) .

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