Les micro-entrepreneurs, force vive des nations. Les « micro-entrepreneurs » sont déjà 8 millions à la tête d’une affaire aux Etats-Unis. Ils sont chaque jour 1400 à se jeter à l’eau. IBM estime qu’ils représenteront 40% des entreprises américaines d’ici à l’an 2000, générant 2300 milliards de dollars de CA, contre seulement 72,8 milliards en 1994. Contrairement à la France, les micro-entrepreneurs sont considérés aux Etats- Unis comme une force vive de la nation. Ils représentent une force politique et économique organisée et reconnue. Environ 200 regroupements d’entrepreneurs à domicile fédèrent la profession. Le HBI (Home Business Institute) compte 40 000 membres ; le AAHBB (American Association of Home Based Business), née en 1991, fédère 17 groupements régionaux ; le RMHBBA (Rocky Mountains Home Based Business Association) organise depuis 4 ans dans le Colorado un salon national de SoHo.

En France, les micro-entrepreneurs seraient déjà entre 700 000 et 1,2 millions, dont une bonne part de femmes. Mais les relais politiques restés sur des modèles économiques classiques considèrent encore avec une certaine condescendance ces entrepreneurs à domicile. Même si, ça et là, quelques personnalités, comme Francis Lorentz, auteur d’un rapport sur le commerce électronique et qui vient de prendre la présidence d’une association de soutien « défi start-up15 », considèrent qu’il faut soutenir les « jeunes entrepreneurs héros de la nouvelle société », une bonne part des technocrates dans les ministères raisonnent encore en termes de grandes structures et d’effets macro-économiques. Pourtant, la « carte de visite » de ces TPE montre que le mouvement est puissant car il correspond à des aspirations fortes : la volonté de se soustraire à l’univers angoissant de la grande entreprise, le désir de retomber sur ses pieds après une perte d’emploi, l’aspiration à mener une vie plus équilibrée, loin des métropoles, l’ambition de réussir par soi-même sans pour autant sacrifier sa vie personnelle:

  • Ceci explique l’importance croissante des femmes entrepreneurs. Elles constituent une population qui monte faute de s’insérer dans les modèles traditionnels du management d’entreprises. Au Canada, elles sont à l’origine des deux tiers des créations d’entreprises. Une étude du « European Women’s Management Developpment Network » estime que lors du changement de siècle, les femmes seront 50% à diriger des PME contre 3% dans les années 6016. Elles portent aux services Internet un intérêt d’autant plus important qu’elles peuvent en faire une Entreprise A Domicile.
  • 70% des EAD ont plus de 3 ans d’existence, il s’agit donc bien d’une tendance qui s’installe. Ce marché des SoHo dans le domaine de l’informatique communicante est estimé à 70 milliards de dollars aux Etats-Unis.
  • 58% des Entrepreneurs A Domicile ont entre 25 et 44 ans ; 42% sont salariés, VRP ou autres ; leur localisation se répartit approximativement par quart entre l’agglomération parisienne, les villes de + de 100 000 habitants, les villes entre 2000 et 100 000 habitants et les villes de moins de 2000 habitants (46% dans les villes en deçà de 100 000 habitants).
  • Les entrepreneurs à domicile ne sont pas identifiés au sein du monde des artisans et professions libérales. La seule indication précise se lit dans une étude réalisée par l’observatoire d’Alptis, une caisse d’assurances lyonnaise pour les indépendants : deux catégories de cette population ont explosé : les patrons employant plus de 10 salariés (+ 34,5%) et les libéraux (+ 63%), composés des professions de santé, experts-comptables, conseils financiers, ingénieurs, urbanistes, consultants et autres professions intellectuelles. Début 1997, la mission services du secrétariat d’Etat aux PME a dénombré plus de 30 000 informaticiens à domicile.

Un signe ne trompe pas. Les TPE ou « small business » intéressent les grandes entreprises d’informatique, de bureautique et de distribution. Certaines se préparent déjà à modifier leurs stratégies marketing à l’intention de cette nouvelle clientèle. Le marché des entreprises à domicile est devenu porteur : leur taux d’équipement en bureautique et informatique est à mi-chemin entre celui des particuliers et celui des PME. Infrastructures télécoms, aménagement du territoire, services de proximité, éducation, immobilier devront compter avec cette nouvelle génération de travailleurs indépendants. La création d’entreprises a concerné 541 000 emplois en 1996. Le chiffre d’affaires moyen de ces nouvelles entreprises est de 3 millions de Francs et l’investissement moyen est de 148 000 Fr.

Quelques années plus tard une étude du ministère de l’industrie complètera cette analyse des entreprises s’appuyant sur les caractéristiques de l’économie immatérielle pour se lancer dans de nouveaux business.

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A propos de l'auteur

Denis

Denis Ettighoffer, fana de science-fiction, auteur de « L’entreprise virtuelle », le livre qui l’a fait connaître en 1992 est un des spécialistes français reconnus dans l’étude projective de l’impact des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication). Ses contributions à la réflexion sur les évolutions des sociétés, des modèles économiques et organisationnels sont nombreuses. Sa spécificité réside dans sa capacité à analyser le présent, pour en extraire les orientations économiques et sociétales stratégiques pour les décennies à venir. Son parcours atypique aura forgé chez lui une pensée singulière. Son dernier livre, « Netbrain, planète numérique, les batailles des Nations savantes » (Dunod) a reçu le prix du livre du Club de l’Economie Numérique en 2008. Denis Ettighoffer un temps Membre correspondant de l’Académie de l’Intelligence économique collabore désormais avec l’équipe d’IDEFFIE (Développement de l’expertise française et francophone à l’international et en Europe ) .

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