Ils ont commencé dans un garage, une cave, en squattant un morceau du domaine familial.« Ils », les millions d’entrepreneurs qui se sont lancés un beau jour dans leur projet avec, dans la grande majorité des cas, le soutien et la complicité de leur famille. Car, on l’oublie parfois, la famille est la première des cellules économiques entreprenariales. C’est elle qui mobilise le réseau d’amitiés et de relations qui va soutenir l’audacieux, le guider, le conseiller éventuellement.

C’est dans le cercle familial que s’invente, sous la pression des nécessités économiques le plus souvent, les petites entreprises qui entrent discrètement dans notre univers quotidien. La plupart ne connaîtront pas la gloire d’un entrefilet dans une revue spécialisée, ni ne gagneront vraiment beaucoup d’argent. D’ailleurs beaucoup des initiatives lancées sur le Net le sont comme une activité d’appoint pour le budget familial. Tous ces entrepreneurs n’avaient pas la fibre pour inventer les ordinateurs du futur mais la plupart ont inventé leur « emploi ». Les « chichis » de notre enfance, avec-beaucoup-de-sucre-merci, venait de l’imagination d’une mère de famille qui savait gagner sa vie en vous proposant des gourmandises sur le chemin de l’école avec le concours de toute sa maisonnée. Des millions d’hommes et de femmes ont lancé ainsi des activités qui se sont parfois transformées en de grandes entreprises ayant joué un rôle historique dans le développement économique d’une région.

Aujourd’hui, parmi le champ des possibles, les entrepreneurs disposent du cyberespace pour trouver des astuces afin de gagner leur vie. Les magasins virtuels fleurissent tout au long des autoroutes de l’information et de nombreux réalisateurs de sites vous proposent leur talent pour les rendre aussi attractifs que possible. L’e.Business Generation s’appuie beaucoup sur la cellule familiale pour se développer à partir d’activités artisanales mises en ligne : sur le Net on vous propose des tissages, du travail au crochet, de quoi fabriquer des poupées, des laines spéciales, des aquariums en verre de Murano en Italie, ou encore des « magnetic photos pockets » pour coller sur votre réfrigérateur. L’astuce peut consister à vendre grâce à Internet des surplus informatiques à bon prix, à proposer de numériser des photos et des documents ou à faire le traiteur en utilisant les avantages d’Internet pour faciliter la vente des plats préparés. Martin Winston, chargé des relations publiques, avait remarqué que les communiqués de presse déjà entièrement rédigés et envoyés à tout le monde était d’une efficacité limitée qu’il estimait à 4% (taux de publication totale ou partielle par rapport au nombre d’envois). Dix ans plus tard, il créait avec son épouse « Newstips Inc » depuis leur maison de Novelty, dans l’Ohio. Martin Wilston rassemble les informations que lui donnent ses clients, ses relations, etc.. pour éditer toutes les semaines une lettre spécialisée de cinq pages. En un paragraphe, il annonce un nouveau produit, un nouveau service et il conclut par un nom et un numéro de téléphone pour recevoir d’avantages d’informations. Cette lettre est distribuée automatiquement à plus de 2000 journalistes par la messagerie de Compuserve pour 15 dollars contre 4000 dollars auparavant.

Ce serait une erreur de sous estimer les « family business ». Le « Family Business Center » d’Arthur Andersen, suit ces entreprises depuis une trentaine d’années. Lors de sa dernière enquête, en 1995, les 3000 entreprises familiales qui ont répondu représentaient un chiffres d’affaires total de 67 milliard de dollars. De nombreuses universités sponsorisent des recherches sur les entreprises familiales. Grâce à ces études américaines l’on sait que 41% d’entre-elles emploient une femme membre de la famille, qu’une sur cinq ont un membre de la famille salarié à plein temps et que deux sur trois emploient un membre de la famille à temps partiel. Ces entreprises constituent un marché spécifique pour les assurances, les grandes écoles, les consultants qui multiplient les sites en ligne pour les soutenir. En France, la dynamique de la création d’activités issues de la cellule économique familiale reste très peu connue des pouvoirs publics, des banques et du public tout court. Les travaux sur ce sujet montrent que le management familial d’une entreprise est largement aussi performant que le management moderne de type capitalistique. Mais là n’est pas le débat. Par dessus tout on a découvert que le désir d’indépendance croissait avec le temps et que de plus en plus d’hommes et de femmes ne supportent plus les assujettissements du monde salarial. Et que le droit à l’échec, à essayer d’autres modèles que la subordination à son chef, est aussi prégnant que le droit au travail et à la sécurité. Pour en savoir plus

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A propos de l'auteur

Denis

Denis Ettighoffer, fana de science-fiction, auteur de « L’entreprise virtuelle », le livre qui l’a fait connaître en 1992 est un des spécialistes français reconnus dans l’étude projective de l’impact des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication). Ses contributions à la réflexion sur les évolutions des sociétés, des modèles économiques et organisationnels sont nombreuses. Sa spécificité réside dans sa capacité à analyser le présent, pour en extraire les orientations économiques et sociétales stratégiques pour les décennies à venir. Son parcours atypique aura forgé chez lui une pensée singulière. Son dernier livre, « Netbrain, planète numérique, les batailles des Nations savantes » (Dunod) a reçu le prix du livre du Club de l’Economie Numérique en 2008. Denis Ettighoffer un temps Membre correspondant de l’Académie de l’Intelligence économique collabore désormais avec l’équipe d’IDEFFIE (Développement de l’expertise française et francophone à l’international et en Europe ) .

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