Nous avons trop tendance à une « Internet-euphorie » ne jurant que par les prouesses des chercheurs californiens et des petits génies de Harvard pour nous inventer des modèles économiques originaux. Et chacun de s’extasier sur les prouesses High Tech et les dernières astuces des innovateurs de la Silicon Valley pour créer des start-ups. C’est magnifique et entrainant. Méfions-nous à ne regarder la Toile qu’au travers du regard de quelques milliers de fans des technologies de l’information et de la communication telles qu’on les perçoit à partir d’une fenêtre internet qui serait californienne. Internet en s’adressant à chacun d’entre-nous est aussi un formidable outil d’insertion économique et social pour des centaines de millions d’internautes. Saviez-vous qu’en 2008, les transactions entre individus dans les réseaux sociaux sont devenues plus importantes que celles des transactions commerciales ?
Au-delà des prouesses technologiques émerveillons-nous de cette nouvelle possibilité qui nous est offerte tous les jours de la diffusion de cette petite et modeste graine qui s’appelle la connaissance. Connaissance transmisse maintenant par un vecteur mondial. Grâce à la Toile, un jeune agriculteur francilien poussé par un ami va pouvoir s’informer sur les applications des panneaux solaires et transformer le toit de son exploitation pour réduire sa facture énergétique. Tel habitant d’un village péruvien va pouvoir bénéficier des conseils de santé pour soigner un de ses enfants. Un brésilien, perdu dans la forêt amazonienne, va découvrir qu’en mettant un aimant dans un seau d’eau polluée à l’arsenic par les orpailleurs, celui-ci va se fixer sur l’aimant au fond du seau et qu’il pourra boire une eau assainie. Tel indien, petit producteur de briques d’argiles, va apprendre dans un forum comment améliorer la cuisson de ses fours pour réduire de façon spectaculaire les briques loupées. Tel senior va découvrir un réseau d’entraide pour résoudre son problème de solitude[1].
Les internautes du monde entier découvrent de nouvelles solidarités incarnées par l’échange de connaissances. La Toile devient un ascenseur social et économique et social. Economique parce que chacun peut commercer avec un individu du bout du monde en l’insérant dans la netéconomie[2]. Social parce que l’homme savant peut se faire connaître, peut enseigner son savoir et se faire apprécier de toute une communauté d’individus installés de par le monde. Cela implique de protéger et de favoriser la libre circulation des idées et des savoirs qui fait de la Toile l’outil le plus précieux de ce siècle. La France a, sur ce point, l’occasion de faire entendre sa voix afin d’inviter la communauté des nations à s’interroger sur la nature, la portée et les conditions de cette libéralisation des échanges des connaissances. Et ça, de mon point de vue, alors que nous sommes entrés dans l’ère quaternaire, dans l’ère de la connaissance, ça vaut bien toutes les inventions High Tech de la Silicon Valley !
[1] 75% des internautes américains reconnaissent avoir utilisé la Toile pour de l’entraide
[2] https://www.ettighoffer.fr/74/l%E2%80%99economie-de-%C2%AB-basse-intensite-%C2%BB-nouvelle-corne-d%E2%80%99abondance