Depuis la fin du XXIème siècle, le progrès s’est identifié à la croissance économique. Une croissance qui liait augmentation des productions et création de richesses et donc au prix d’un prélèvement croissant des ressources naturelles. Qui peut croire que nous pourrions indéfiniment puiser dans la nature ces matières premières devenues rares et coûteuses sans mettre en question ce modèle quasi mécanique selon lequel consommation et croissance économique ne font qu’un !? L’écologie actuelle fait une erreur de casting, notre problème majeur n’est pas celui de l’overdose de pollution, c’est le rationnement des ressources.
Les grands cycles de croissance sont bien terminés, hormis dans les états majors gouvernementaux où ils relèvent encore de la pensée magique. Ne reste que le levier du numérique pour accroitre la productivité des écosystèmes, pour inventer des modèles d’organisation plus productifs et consommant moins de ressources matérielles. Un chambardement considérable est en marche, comparable à celui provoqué par l’entrée de nos sociétés dans l’ère industrielle, qui déstabilise les modèles socioéconomiques en place et engendre de fortes tensions sociales. Nous y sommes[1]!
Nos systèmes ne vont pas continuer à croître, en dehors de situations locales spécifiques, ils vont s’optimiser globalement. Grace à la numérisation du monde, nous sommes entrés pour de longues années dans un cycle d’éco-efficience économique prédit par l’économiste russe Nicolaï Kondratieff[2]. Notre cycle actuel serait celui d’une période « gestionnaire » qui suit, celle « stratégique », des années 1940-1992. Inscrites dans un cycle du développement durable, nos économies vont faire en sorte d’utiliser mieux les ressources existantes. On parlera d’améliorer les performances des écosystèmes existants ou de les modifier pour qu’ils consomment moins de ressources. Cette mutation s’inscrit dans les changements en profondeur et durables de l’économie immatérielle et ses artefacts numériques.
Une guerre des ressources qui ne dit pas son nom est engagée. Le décollage économique des pays émergents fait qu’ils consomment désormais plus de la moitié des ressources énergétiques mondiales. La demande devient telle que nous vivons une véritable bataille des ressources qui oblige les nations à adapter dans la douleur leurs modèles économiques, leurs organisations industrielles et commerciales. A elle seule, la Chine doit faire face à une demande gigantesque de ressources primaires. Achats de terres agricoles, achats de compagnies pétrolières, alliances et coopérations économiques avec des pays africains riches en ressources minières. La recherche de diversification des fournisseurs démontre bien l’impact croissant des énormes besoins de la Chine sur les économies de la planète[3]. Une demande qui n’a cessé d’augmenter alors que celle de l’Inde, l’Amérique du Sud et de l’Afrique démarrent en flèche malgré la crise actuelle. Ces économies émergeantes ne peuvent appuyer leur développement que sur une consommation croissante de ressources et d’énergies coûteuses. La numérisation devient un atout pour ceux des pays qui peuvent en profiter pour réinventer leurs industries et leurs organisations.
Les taux de croissance moyens des économies avancées n’atteignent plus les sommets connus (entre 4 et 7%) des décennies précédentes. Avec la généralisation de la numérisation du monde une transition majeure est en cours. Elle offre l’opportunité d’optimiser les bilans énergétiques des nations dans les années à venir. Tel est l’enjeu des prochaines décennies 2020/2050. Pour limiter leur dépendance aux énergies primaires, les nations comme les entreprises devront réduire la consommation des biens tangibles de plus en plus coûteux et remplacer leurs esclaves mécaniques par des esclaves numériques, virtuels, économes en énergie et en ressources matérielles.
La France ne redeviendra pas un grand pays industriel. Ne nous y trompons pas, les pays en développement qui poussent les feux de leur croissance resteront les plus gros producteurs, les plus gros fabricants de la planète monde pour longtemps[4]. Notre avenir est ailleurs. L’Asie est l’usine du monde et le restera. L’Allemagne a ce rôle en Europe et la France ferait bien de cesser de vouloir lui prendre une place qui sans doute serait chère payée sur le plan des investissements de rattrapage et qui pourrait s’avérer un désastre sur le plan politique. En représailles, l’Allemagne pourrait bien contester un jour la place de grenier de l’Europe à l’agriculture française et se tourner vers d’autres pays à l’Est, tout aussi capables de produire et à moindre coût. La réalité sans fard c’est que nous n’avons pas su préparer notre présence dans les industries du futur. Personne ne contestera l’importance de protéger les entreprises ou les emplois les plus vulnérables vis-à-vis d’une concurrence internationale sans cesse plus âpre. Pour autant le manque de visibilité – et donc de perspective – de notre politique industrielle pour les vingt prochaines années reste pour moi une énigme. Le personnel politique et les grands commis de l’État donnent le sentiment qu’ils ont une vision désuète des industries du 21eme siècle. Malgré le tapage médiatique créé autour de la netéconomie – terme qui a ma préférence sur celui de l’économie numérique[5], dans leur grande majorité, nos organisations actuelles sont encore pensées et bâties selon les modèles passés. Le discours sur la combinaison de la puissance technologique et de la maîtrise de marchés de masse domine encore les stratégies industrielles.
Ne nous trompons pas de combat. Nous devons renouveler notre vision des « industries » du 21eme siècle. Dans un contexte international où la croissance va être fortement bridée par les limitations des consommations énergétiques et de certaines matières premières, on peut s’attendre à une réorientation des investissements vers les filières de la R&D et des produits ou services « économiseurs » de ressources. Le capital se concentrera sur certaines industries et activités de services (d’usages notamment) afin de produire de nouvelles richesses en grande partie immatérielles, cette fois ! Notre politique industrielle est-elle adaptée aux spécificités de ce que seront les industries du 21eme siècle pour les pays avancés ? Dans les dernières décennies du 20ème siècle, nous avons assisté à la croissance spécifique du secteur des services au détriment de la fabrication. Déjà comparer la « ré-industrialisation » des USA à celle possible de la France parait peu pertinente sinon à faire plutôt la comparaison avec l’ensemble de l’Europe.
Ce tournant historique dans la structure des activités économiques aura engendré de nombreuses études sur les évolutions des démographies industrielles. Elles sont souvent biaisées par les difficultés de cerner correctement les frontières d’activités et leurs effets économiques et systémiques. L’industrie c’est dé-massifiée et tertiarisée et l’on peut douter parfois des chiffres et des comparaisons données. La redistribution des activités industrielles et usinières tient à des facteurs complexes qui affectent les chaines de la valeur et donc le choix de l’installation des activités de conception, de fabrication et commercialisation: coût de l’énergie, parités monétaires, coût travail, fiscalité, financements locaux, etc. Encore aujourd’hui, d’énormes précautions s’imposent dans leur interprétation. Les migrations entre activités industrielles et de services, les variétés nouvelles d’activités mais aussi leurs impacts économiques selon que les entités analysées bénéficient ou pas d’effet de grappes, la localisation du siège, de la taille et de la nature des services comptent aussi. Il ya donc une variabilité notable de la contribution économique du secteur des services au PIB des pays de l’OCDE. Par exemple, aux États-Unis, où l’on parle de ré-industrialisation, la part des services représente comme en France 80% des emplois mais leur meilleure utilisation des opportunités de la netéconomie contribue à une forte progression de leur PIB. Rien d’étonnant donc si la contribution du numérique à la croissance de l’économie américaine (en % du taux de croissance moyen annuel) est de 26% en France contre 37% aux États-Unis.
Une transition majeure des écosystèmes socioéconomiques est en cours. Le développement de l’économie immatérielle et de ses artefacts numériques modifient substantiellement la manière de produire et d’utiliser nos ressources matérielles et notre patrimoine immatériel. Avons-nous les postures intellectuelles et les organisations appropriées pour tirer parti de notre créativité, de notre inventivité? Sommes-nous capables de faire fructifier nos connaissances et faire de nos réseaux savants les précurseurs de nos exportations?
Le problème est que nous n’avons pas une pensée organisationnelle adaptée aux potentialités offertes par les trois mutations qui transforment profondément nos sociétés. La domination progressive de l’économie immatérielle, la numérisation du monde et le développement des infrastructures de télécoms. L’oublier, oublier un seul de ces facteurs, c’est passer à côté du sujet! Prenons le plan câble bien mal parti en France : La consommation énergétique de la totalité des télécommunications représente moins de 1% de la consommation des esclaves mécaniques. La Numérisation pour sa part contribue à l’éco-efficience globale des écosystèmes. Enfin l’économie immatérielle incarnée par notre patrimoine d’expertises nous offre de quoi faire rayonner la pensée française partout dans le monde. Seulement voilà : nous n’utilisons pas pleinement la numérisation pour changer nos modèles organisationnels et revoir les réallocations de ressources disponibles ou pouvant être économisées.
Le développement économique se fait de deux façons | |||
Levier Endogène | Levier Exogène | ||
Action sur les marchés intérieurs | Productivité interne | Offres sur les marchés | Productivité des facteurs |
En stimulant la consommation intérieure par divers artifices afin de faire tourner l’économie. On agit plutôt sur le pouvoir d’achat… et souvent à crédit ! | Par une amélioration de la productivité globale d’une organisation (entreprise ou État) qui consomme alors moins de ressources et dont le fonctionnement coûte moins cher. | Par des innovations pour des offres marchandes propices à l’exportation ce qui rapporte des devises. | Maitrise de la filière permettant le délocalisation des activités plus productive dont le coût du travail. Les gains de productivités sont chez les sous traitants étrangers (ou pas) pour rendre les produits plus compétitifs |
Un facteur commun : optimiser l’utilisation des ressources disponibles |
Les entreprises ont déjà su utiliser au mieux les technologies de l’information et de la communication afin de réduire les stocks classiques des marchandises, en améliorant le « stock tournant » (zéro délais, zéro stock, zéro défaut) tout en accélérant les cycles financiers grâce à des politiques de crédits favorisant la consommation. Ce qui a soutenu la croissance. En parallèle, l’information, l’expérience, les connaissances n’ont cessé de s’accroître en constituant une matière première plus ou moins bien utilisée et une nouvelle source de revenus.L’économie y change de nature. Le signe domine la matière qu’elle économise. Selon une enquête de Pew Internet et d’American Life Project, 56% des personnes interrogées considèrent que les applications de la Réalité Virtuelle vont contribuer à augmenter la productivité. De son côté, le développement de l’e.administration devient non seulement une source d’efficacité collective mais aussi une source d’économies d’énergie. La digitalisation de l’économie aura permis d’enrichir les modèles socio-organisationnels. Mais savons-nous bien utiliser ces potentiels ? J’en doute. “ Le développement d’un pays n’est possible que s’il existe une convergence entre sa culture économique, sa culture technologique et sa culture organisationnelle ” rappelait opportunément Jean-Jacques Salomon dans “ La quête incertaine[6] ”. Nous vivons une révolution économique et industrielle d’un nouveau genre. Passer d’une civilisation où nous disposions d’esclaves mécaniques à une situation où nous disposerions d’esclaves numériques ne va pas de soi, c’est pourtant ici que nous devons saisir toutes nos chances !
L’économie y change de nature. Le signe domine la matière qu’elle économise. Avec la téléprésence, la visiophonie, le télétravail, commercer avec le monde entier est à la portée de chacun et plus seulement des entreprises organisées. Grâce aux marchés low cost, sur cette planète numérique, avec ses possibilités d’échanges à coût marginal, des populations de gens modestes et défavorisés peuvent bénéficier de l’accès aux savoirs et entrer dans l’ère de l’économie des connaissances. La téléformation devient un produit exportable économiquement. Les régions les plus reculées ne disposant que de maigres ressources peuvent accéder aux bibliothèques virtuelles disponibles, aux ressources des laboratoires éloignés et aux programmes scolaires mis en ligne un peu partout dans le monde. A l’avenir, l’enjeu ne sera pas d’avoir la plus grande quantité d’ordinateurs et de technologies: elles sont accessibles à la planète entière. C’est la qualité des organisations, l’efficacité globale, qui fera la différence entre entreprises et nations.
Les nations doivent adapter leurs industries à un nouveau modèle de croissance. Au cours de la dernière décennie, l’économie numérique a contribué plus largement à la croissance aux États-Unis qu’en Europe ou en France. La France se situe au 20ème rang, derrière le Royaume Uni (15ème) et l’Allemagne (13ème). La part de l’économie numérique dans le PIB est de 4,7% en France, et de 7,3% aux USA. Au regard des performances américaines, la France ne profite pas assez de la création de valeur et d’emplois que permettrait ce secteur de technologie et de services : le retard est estimé à près de 100 000 emplois en France pour atteindre le niveau des États-Unis en pourcentage de PIB[7]. Dès la fin des années 90 l’explosion des télémétiers était bien visible et de nouvelles formes d’activités parfois surprenantes étaient prévisibles. Les secteurs porteurs ne manquent pas qui n’ont plus grand-chose à voir avec les manufactures de nos parents.
On peut s’interroger de savoir pourquoi l’industrie française reste à la traîne dans le domaine des piles à combustibles, filière très prometteuse aux applications plus vastes que les accumulateurs de voitures. Pourquoi le plan câble se traine depuis plus depuis 25 ans faute d‘une pensée organisatrice et stratégique ? A ce jour, les opérateurs privés ne sont guère motivés pour procéder à des investissements faiblement rentables qui profiteront surtout à leurs concurrents fournisseurs de contenus et de services. La prometteuse filière « voltaïque » n’en finit pas de prendre des coups au point qu’elle perd des milliers emplois. La « politique numérique » affichée reste encore l’occasion de fournir des crédits à des grandes entreprises plutôt qu’à soutenir des PME innovantes qui viendraient s’installer en France grâce à une politique fiscale attractive. Le manque de visibilité – et donc de perspective – de notre politique industrielle, qui la rendrait digne du siècle qui arrive, reste une énigme.
A la place d’un Florange en panne, les industries de transformation, de destruction et de recyclage des alliages et des métaux devraient tourner à fond. Les régions devraient s’arracher les installations de fermes de serveurs pour le Grid et le Cloud estampillés France. Une logistique devenue absolument indispensable à la généralisation des applications de la réalité virtuelle et des industries de la simulation fortement demandeurs d’emplois. Des outils indispensables aussi au développement des enseignements à distance et de la formation par les « serious games », et pour les productions médias. Un marché gigantesque bien supérieur à celui de la sidérurgie qui lui-même évolue vers les produits très spécialisés à forte valeur ajoutée. Quels chiffres à l’exportation pour nos Industries de la simulation, pour nos Nanotechnologie et autres métaux spéciaux ? Quid du développement des industries de la Stéréolithographie, (outil de prototypage rapide) qui sont en train de devenir des machines polyvalentes pour fabriquer à la demande ? Combien encore pour notre chimie et notre biologie et la commercialisation des applications des cellules souches ? Où en sont les ventes de nos experts en chirurgie réparatrice ? Que dire des reconversions énergétiques et de l’exploitation des déchets ou de la gestion de l’eau que nous proposons sur les marchés étrangers très demandeurs ? Et quid des développements français en matière de robotique en milieux hostiles ou difficiles, du terra-formage des territoires, ou encore des innovations des organisations urbaines ? Où en sommes nous de la vente de nos savoir faire en matière de cybersécurité, de nos offres dans le domaine des infrastructures des télécoms internationales, de l’Optoélectronique, de la Cartographie ou encore des applications de l’Intelligence Artificielle ? Nous préparons nous au Web du futur en trois dimensions !? Où sont nos laboratoires de R&D en matière de Vies et de mondes virtuels !? On pourrait à l’infini tracer une cartographie des sciences et des techniques où la France a des places à prendre sans faire appel à une vision passéiste de notre politique industrielle. La réalité est tout simple et cruelle, la France est en déficit de l’offre sur les marchés internationaux.
Le « soft power » français reste aux abonnés absents. Mais il y a pire encore. A l’ère de l’économie quaternaire, des idées, de l’innovation qui font la différence, la présence de la France reste insuffisante dans le monde affaires comme dans les réseaux de formation et de l’éducation en ligne, notamment dans l’espace francophone. Nous disparaissons du monde, en silence. Sinon le bruit ridicule de nos chamailleries et de la grande gueule de nos tribuns qui entendent donner des leçons à la terre entière. Cette présence insuffisante fait que nous perdons en permanence des marchés internationaux en mesure de faire travailler des français.
Doit-on chercher notre difficulté à prendre à bras le corps une vision renouvelée d’une politique industrielle du 21eme siècle dans une frilosité spécifiquement française ? Une étude de 2012 de Mc.Kinsey concluait que la France se caractérise par un moindre dynamisme en matière d’entreprenariat alors qu’il jouerait un rôle majeur dans l’économie du XXIème siècle. Conclusions partagées par le cabinet d’études d’Ernst Young qui, à l’occasion d’une enquête sur l’esprit d’entreprise en Europe, situe la France en voiture balai, frileuse et très loin des pays qui font de la valorisation de l’esprit d’entreprise un levier de leur développement. La France doit se libérer de ses archaïsmes pour entrer dans un siècle dominé par le signe.
Alors que l’économie numérique devient un avantage comparatif clé entre nations. Nous courrons le risque permanent d’un « hexagono-centrisme » mortel alors que nous passons d’une logique de spécialité des territoires à une logique de spécialité des réseaux. Au milieu de la prochaine décennie nous approcherons des 3 milliards de terriens connectés sur Internet. Les pays les plus malins, les sociétés les plus dynamiques, auront profité du doublement des revenus engendrés par la Toile; soit 4 200 milliards en 2016 contre 2 300 Milliards en 2010[8]. L’économie française doit relever le défi d’investir dans les infrastructures de réseaux et regagner en compétitivité pour redynamiser son industrie numérique. Mais pour cela elle doit aussi donner une dynamique toute particulière au soft power français et s’intéresser aux millions de francophones pour lesquels la voix de la France devient inaudible. Il y a quelques semaines à peine, un journaliste sénégalais mettait la langue française au placard, au bénéfice de l’anglais. Pas un écho dans la presse française. Quatre millions d’enseignants, 80 millions d’élèves et d’étudiants, 320 000 établissements scolaires (dont 5 000 universités et écoles supérieures de l’Union européenne) sont à présent dans la ligne de mire des services de formation. En matière d’éducation un étudiant sur cinq utilise déjà un PC distant pour se former Alors que nos grandes écoles sont dans un état lamentable, le chiffre d’affaires de la formation représente le quatrième poste des exportations des États-Unis avec plus de 7 milliards de dollars annuel. Le marché mondial de la formation et de la téléformation est devenu une source de devises mais aussi une façon d’attirer vers soi les talents et les innovateurs venus de pays étrangers.
Si le Numérique Change le Monde, changeons-le à notre avantage. Une Nation utilisant le numérique comme levier de croissance devrait investir sur quatre axes à minima. Mais d’abord, en parlant des actions à envisager, soulignons qu’il ne s’agit pas d’enlever des freins comme je le constate trop souvent mais de créer des moteurs. En premier lieu, l’économie française doit relever le défi d’investir dans les infrastructures de réseaux pour dynamiser ses industries numériques et regagner en compétitivité. Les possibilités de nos organisations collectives à devenir « light » et agile en dépendent. Les pouvoirs publics doivent revoir la mise en œuvre de notre plan câble qui est en train de devenir une Arlésienne de la technocratie française et un gouffre pour nos finances. Deuxièmement, ils doivent soutenir prioritairement les activités de services en ligne en créant des contrats de concessions de services publics. Ce dispositif rendra plus vite rentables les activités de services publics et parapublics qui pourront un jour s’attaquer à l’exportation. En trois, définir et organiser une politique concrète du « soft power » pour développer l’éducation et la formation dans l’espace d’abord francophone. Cette politique doit d‘abord s’appuyer sur des alliés pour limiter la frontière des langues. Enfin, toujours afin de stimuler les initiatives sur les territoires, créer et maintenir un « portail » d’échanges sur les bilans énergétiques des collectivités territoriales en créant un marché carbone spécifique. Les collectivités les plus éco-efficientes recevront des fonds de celles qui ne le sont pas ou moins. Mais il n’est pas interdit d’avoir de meilleures idées… encore faut-il accepter de se risquer à en avoir… c’est ça aussi l’esprit entrepreneurial !
Voir aussi l’excellent article de Thibaut de Jaegher
[2] Nicolaï Kondratieff publie en 1928 « les grands cycles de la conjoncture » qui fondent la pensée économique sur la nature et les causes de plusieurs cycles conjoncturels ayant chacun leurs spécificités dans la dynamique des échanges et des comportements socio-économiques.
[3] En 2003, la Chine en plein décollage économique a consommé 30% du pétrole extrait, 30% de l’acier (contre 13% dix ans plus tôt) 40% du ciment produit et mobilisé 25% des investissements directs mondiaux. En 2008, la Chine est à l’origine de ¾ de la hausse de la consommation mondiale alors que la demande des pays développés c’est stabilisée.
[4] La zone euro ne représentera que 9 % du PIB mondial en 2060, contre 17 % actuellement selon les projections de l’OCDE. La part de la Chine passera de 17 % à 28 % et celle de l’Inde, 7% en 2011, puis s’établira à 18 % en 2060, devant les États-Unis (16 %). Autre chiffre symbolique du bouleversement de l’économie mondiale et du déclin programmé de l’Occident : le PIB cumulé de la Chine et de l’Inde sera en 2060 une fois et demie plus élevé que celui de tous les pays du G7, contre à peine la moitié aujourd’hui.
[5] Pour moi, la numérisation sans réseaux, sans patrimoine immatériel circulant, n’a pas grand sens
[6] Jean-Jacques Salomon, La quête incertaine, Paris ,Economica, 1994. Voir aussi “ L’émergence technologique de l’Asie Orientale ” Michel Dagonneau, Philippe Hayez, Bernard Mély, Futuribles, Novembre 1997.
[7] NRI (Networked Readiness Index, World Economic Forum) qui mesure pour chaque pays la propension à tirer profit des opportunités offertes par les TIC.
[8] Source Boston Consulting group