Ils marchent en regardant leur portable. Ils se restaurent en photographiant ce qu’ils mangent. Ils mangent en ignorant leur vis-à-vis pour consulter leurs courriels. Ils discutent en se servant de leur téléphone. Ils téléphonent à vous faisant la conversation. Ils dorment leur portable ouvert à côté d’eux. Ils fliquent les réflexions et les avis de gens qu’ils ne connaissent pas. Ils argumentent en se servant des données récupérées sur leurs terminaux. Ils s’amusent et se battent avec des avatars numériques qui leur tiennent des conversations qu’ils ne supporteraient pas de leurs copines. Ils passent plus de temps dans les réseaux sociaux qu’avec leur famille ou leurs camarades de travail. Ils ont du mal à se concentrer, ils arrivent fatigués au travail et réclament régulièrement une salle de sieste. Danger : Il y a de forte chance pour que votre collaborateur ou le membre de votre famille soit frappé de Narcolepsie Numérique.
Médicalement parlant la narcolepsie est un trouble chronique du sommeil. Elle est caractérisée par un temps de sommeil – de perte du réel – excessif. La narcolepsie numérique est un trouble d’origine neurobiologique de l’état de l’attention. Elle n’est pas causée par des problèmes psychologiques. Une partie des narcolepsies semble liée à des anomalies génétiques affectant des facteurs biologiques spécifiques cérébraux. D’autres causes environnementales sont possibles dans la narcolepsie numérique. Elle débute le plus souvent au moment de l’adolescence sans doute due à un excès de consommation d’applications numériques.
Dans le cas de la narcolepsie numérique l’individu peut s’absenter involontairement à un moment non adapté, comme au travail, au volant, ou dans la rue, suite à une perte subite d’attention consécutive d’un usage immodéré des applications numériques. Comme le démontrent de récentes études les patients atteints de narcolepsie numérique souffrent habituellement de troubles nocturnes du sommeil et d’un temps de sommeil anormal. Lors du réveil généralement brutal du patient atteint de narcolepsie numérique, survient un état confusionnel appelé « ivresse numérique » : le patient ressent alors une grosse difficulté à émerger de son état pour revenir au réel. A ce trouble s’ajoutent d’autres symptômes d’intensité variable : troubles de la mémoire, capacités psychomotrices ralenties, difficultés de concentration…
Un autre problème surgit chez les patients atteints de narcolepsie numérique suite à un usage immodéré d’applications de jeux et de Sim violents. Celui-ci génère des émotions qui se manifestent souvent par des faiblesses musculaires allant d’un relâchement des muscles faciaux (indice de stupéfaction) à l’abandon complet de la mâchoire (indice de béatitude) ou de la tête, une faiblesse au niveau des genoux (vertiges), ou très rarement un effondrement total (syndrome du Game over). Dans les cas les plus graves on observe un trouble de l’attention, du langage et de la vision (double vision, incapacité à se concentrer) mais l’ouïe et la conscience restent normales, le sujet pouvant encore réagir à des stimuli du type « Marie, veux-tu du fromage et peux-tu lâcher ton portable !? ».
Maladie rare à la fin du siècle dernier, la narcolepsie numérique touche de plus en plus de personnes en Amérique du Nord, en Europe et en Asie du Sud, les jeunes étant les plus touchés. Cette maladie se traduit aussi par des accès de sommeil incoercibles qui surviennent d’une manière inopinée quelles que soient les circonstances. Dans sa forme la plus typique, il y a également des accès de chute brutale du tonus musculaire déclenchée par les émotions : fou rire, surprise, colère, excitation lors de l’usage immodéré de jeux violents ou non.
Le traitement de la narcolepsie numérique consiste tout d’abord à apprendre à contrôler ses émotions et à s’organiser pour pouvoir faire une à plusieurs coupures des applications de type « temps réel » comme les tchats, les facedebouc, les emailes, à des moments stratégiques de la journée. Lorsqu’on travaille, cela n’est pas toujours facile. Néanmoins, le fait d’expliquer son symptôme dans son milieu professionnel permet de dédramatiser la situation et de faire comprendre aux directions d’entreprises l’importance de revenir au monde réel quelques heures par jour. En expliquant la nature de cette affection neurologique spécifique à l’environnement technologique la personne atteinte de narcolepsie numérique n’est alors plus considérée comme indifférente à son travail, mais comme quelqu’un qui a une particularité (voire un véritable handicap) et que l’on peut aider. Ces mesures de bon sens ne sont pas toujours suffisantes et des médicaments existent. Des stimulants de la vigilance comme le Modafinil (Modiodal) ou la méthylphénidate (Ritaline) sont utilisés pour lutter contre la somnolence et certains antidépresseurs donnent de bons résultats pour contrer les accès de cataplexie (mais ça c’est une autre histoire !)
On notera avec intérêt la présentation des premiers symptômes sur la vidéo jointe.