Propos de Denis Ettighoffer recueillis par Corinne Zerdib, 01 Informatique, 8 octobre 1999
Fondateur d’Eurotechnopolis Institut, Denis Ettighoffer, également auteur de « L’Entreprise Virtuelle », vient de publier « eBusinessGeneration, les micro-entreprises gagnent de l’argent sur Internet ». Cet ouvrage présente la naissance d’un phénomène nouveau : la création, via l’Internet, de micro-entreprises familiales qui se placent d’emblée sur la scène mondiale. Il met en question la mono-activité et le salariat perçu comme la voie unique de création de richesses.
Ce phénomène de micro-entreprises sur Internet est-il un simple effet de mode ?
Non, je ne le pense pas, car la précarité croissante du salariat et les 35 heures sont des facteurs conjoncturels et structurels qui encouragent la polyactivité. Nous allons devoir nous adapter, notamment en multipliant nos sources de revenus. La micro-activité en ligne, embryon des entreprises du troisième millénaire de la Net Economy, peut être un pont entre le salariat traditionnel et le travail indépendant. D’ailleurs, seuls 30% des cyberentrepreneurs déclarent travailler à plein-temps. Cela représente un véritable enjeu pour notre nation, qui y trouvera des gisements nouveaux de création d’activités facilitant le « self employment », c’est à dire la création de son propre emploi.
Allez-vous mener campagne auprès des pouvoirs publics pour améliorer les conditions de la micro-entreprise ? Je n’ai pas l’intention de monter le parti politique de la micro-entreprise. Mais je considère utile, puisque cela fait partie de mon expertise, d’ouvrir des voies de réflexion et de faire des propositions nouvelles. Mon livre est un rapport d’étonnement, une mise en garde sur les enjeux nouveaux de la « cyberéconomie » sur l’emploi et les nouveaux modes de création de richesses. Cela étant, on peut s’étonner de l’inertie des pouvoirs publics lorsqu’il s’agit d’accompagner les grandes transformations en cours du monde du travail. Les politiques ne semblent plus avoir aucun pouvoir sur l’administration. Suite au rapport d’Hervé Gaymard, des lois et décrets ont été votés et signés pour faciliter la polyactivité. Mais ils ne sont pas appliqués.
Comment peut-on soutenir ce phénomène ? Pour ma part, je fais le choix de prôner une démarche pédagogique par l’exemple et de constituer une communauté virtuelle des créateurs de micro-activités français. Avec mes partenaires, nous préparons le lancement d’une pépinière virtuelle pour 2000. Dans l’immédiat, il s’agit d’une sorte de plate-forme d’information destinée à ceux qui veulent se lancer. Un observatoire international est en place sur tout ce qui se dit et se fait dans le monde à propos du « Family Business« . Plus tard, la plate-forme proposera un bouquet de services au soutien du lancement de micro-activités en ligne.
Un constat qui fait l’intérêt des entrepreneurs de tout pays: https://www.youtube.com/watch?v=GtoNmOZLnz8