En février 1996, Eurotechnopolis Institut proposait son propre métamoteur à ses clients. Un renifleur multipliant les investigations dans différentes sources de données pour identifier et recueillir des informations pertinentes à compiler et à agréger selon les instructions données au radar qu’était notre « vigie ». Ainsi, entre 1995 et 2005 nous avons testé avec succès des « Observatoires automatiques » au Crédit Mutuel de Bretagne, à la Caisse des Dépôts et Consignation, conçus à partir d’un métamoteur développé pour Eurotechnopolis Institut, et proposé comme « Vigie » pour plusieurs sites (voir illustrations). Je me souviens qu’à l’époque l’intérêt d’utiliser des méta-moteurs[1] était très souvent abordé par la presse spécialisée et j’avoue m’interroger parfois à propos du silence actuel sur un sujet pourtant stratégique pour les applications de « l’intelligence économique ». Aujourd’hui il y a là une magnifique opportunité pour un positionnement original de « Qwant », toujours à la peine, pour se démarquer de la sauce américaine qui nous est proposée par Google et consorts.

Les entreprises deviennent de plus en plus attentives à identifier aussi en amont que possible les évènements en formation susceptibles d’impacter leurs métiers, leurs écosystèmes. Parfois, leurs concurrents font des « effets d’annonces » afin de capter ou figer un marché, afin de bloquer une clientèle en passe d’être infidèle. Il est bon alors d’avoir des éléments qui discriminent correctement la « propagande » initiée par son compétiteur. Dans tous les cas de figures, il convient d’apprécier la réalité de ces divers phénomènes qui s’annoncent le plus souvent sous la forme de « bruits faibles ». Internet, le réseau des réseaux, a l’inconvénient de faciliter cette dilution de l’information, d’en limiter la compréhension en saturant les capacités d’analyse d’une équipe en charge de percevoir, d’identifier et de donner un sens à ces millions de bruits faibles pouvant perturber l’écosystème de l’entreprise.

Les métamoteurs font partie des radars disponibles sur la Toile pour déceler des “ bas bruits ” dans la presse en ligne, dans les forums de discussions, sur les sites. La multiplication des sociotypes et la mouvance des modes, des attentes différenciées dans une culture mondiale, rendent plus difficile l’analyse des marchés. Une mode ou une initiative quelconque peut partir du Japon ou d’Australie avant de contaminer de façon fulgurante l’ensemble de la triade. L’accélération des modes de consommation et d’achat oblige à rendre encore plus pointus les “ radars ” qui identifieront les signaux faibles issus de multiples horizons. Les outils d’identification des “ bas bruits ” ne sont jamais bien loin des outils de l’intelligence économique. Grâce à leurs capacités d’analyse des occurrences ils ont un effet d’amplificateur et facilitent la découverte de logiques nouvelles, de tendances émergentes encore masquées par un bruit de fond considérable.

La collecte automatique des données et leur comparaison améliorent le scoring. L’utilisation d’un métamoteur facilite les applications d’agrégateur de contenus comme l’avait tenté l’américain Streaming Media (disparu depuis) pour la presse. L’intérêt de l’application pour un organe de presse client ou un journaliste était de permettre de suivre le parcours de l’article mis en circulation et faire respecter son copyright. Le traçage des informations « marque » les contributeurs ou les inventeurs les plus fertiles, les laboratoires les plus dynamiques, les séminaires les plus propices pour débaucher des ingénieurs de talent. Le camouflage volontaire des dépôts de brevets ne marche plus car les moteurs de recherches sont capables de dépister le nombre de fois où une information est citée dans un laps de temps donné et de lui donner une occurrence, un score particulier qui lancera des investigations plus approfondies. Une analyse d’autant plus difficile que l’on assiste à l’accroissement du nombre des personnes intervenant dans les processus d’innovation ou de conception d’un produit. Les émetteurs et les récepteurs concernés par ces échanges sont autant de sources de marqueurs repérés pour les capacités d’analyse des “ renifleurs ”.

Les butineurs-renifleurs sont des outils d’analyse indispensables pour mettre l’entreprise en état de veille permanente. Avec leur capacité de surveillance automatique des sites des principaux concurrents, des dépôts de brevets, et capables de constituer des dossiers thématiques, ils savent exploiter les données accessibles sur la Toile et passer d’une logique de chercheur à une logique de trouveur. Pour moi, Qwant, en risque de déroute, doit devenir un « métamoteur » européen de recherche présent sur le marché de « l’intelligence économique » en offrant en plus des prestations actuelles, des services de veille et de traitement de l’information sur la base de demandes très précises et fines. Les métamoteurs sont les outils de l’intelligence économique. Ils sont utiles à nos entreprises Je vote pour ! CQFD.

[1] Les méta-moteurs puisent leurs ressources dans différents moteurs de recherche. Un algorithme combine ensuite les résultats des recherches des différents moteurs. Les réponses obtenues sont une sorte de synthèse. Les méta-moteurs éliminent les doublons. Lorsqu’une réponse est la même dans différents moteurs, elle se trouve renforcée dans le scoring du méta-moteur. On peut utiliser un méta moteur lorsqu’on souhaite obtenir une réponse synthétique, mais également lorsqu’on recherche une réponse dans un domaine très spécifique, comme par exemple avec Songstr qui va interroger les bases de données de sites musicaux tels que Deezer, Spotify, Grooveshark, Rdio ou encore YouTube.

Accès à l’historique du démonstrateur – (Sources des appels d’offres pour un client) – Économies d’énergies ( étude pour l’EDF ) . Attention, l’accès aux archives web peut être supérieur à une ou deux minutes.

Précédent

L’IA face aux dangers des réalités virtuelles

Suivant

Netbrain par Dr. Gérald Santucci Commission Européenne

A propos de l'auteur

Denis

Denis Ettighoffer, fana de science-fiction, auteur de « L’entreprise virtuelle », le livre qui l’a fait connaître en 1992 est un des spécialistes français reconnus dans l’étude projective de l’impact des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication). Ses contributions à la réflexion sur les évolutions des sociétés, des modèles économiques et organisationnels sont nombreuses. Sa spécificité réside dans sa capacité à analyser le présent, pour en extraire les orientations économiques et sociétales stratégiques pour les décennies à venir. Son parcours atypique aura forgé chez lui une pensée singulière. Son dernier livre, « Netbrain, planète numérique, les batailles des Nations savantes » (Dunod) a reçu le prix du livre du Club de l’Economie Numérique en 2008. Denis Ettighoffer un temps Membre correspondant de l’Académie de l’Intelligence économique collabore désormais avec l’équipe d’IDEFFIE (Développement de l’expertise française et francophone à l’international et en Europe ) .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

un × 2 =

Voir aussi

3 + 11 =