L’Homme est né – raconte la Bible – de la boue par un mélange de poussière et d’eau. Cette eau nous est aussi vitale que l’air. Sans l’eau nous ne sommes que poussière. Pourtant elle semble manquer. Tragédie annoncée de la bêtise humaine.

L’homme qui regardait la tempête de sable s’abattre sur son village ne s’étonnait plus de la puissance des vents qui allaient les ensevelir. Ils étaient habitués, une majeure partie des bâtiments étaient déjà enterrés comme les populations. Toutes les précautions avaient été prises, les infrastructures fragiles protégées. Tous savaient que, durant des jours et des jours, ils trouveraient partout, dans leur nourriture, leurs vêtements, ce talc jaunâtre qui pouvait les étouffer. Une région où l’on vivait de plus en plus difficilement, où les villages disparaissaient sous le sable. L’air en était saturé. Ne subsistait qu’une maigre végétation et quelques autochtones irréductibles dans ce sud de l’Espagne déjà privé d’eau. Depuis des années, la poussière d’une terre manquant d’eau avait progressivement tout enseveli et le monde des humains avec lui. Les gens, impuissants, vivaient la lente disparition des espaces verts. Pourtant dans les temps pas si anciens, la vie était abondante en Afrique du Nord, sur les rives du Portugal, de l’Espagne et sur une large part de la Méditerranée bordant l’Europe. Partout l’avancée des déserts suivait la montée des eaux et le recul des terres arables.

La poussière est devenue un danger mortel pour la population mondiale. Nous bétonnons nos villes, nos campagnes, augmentant encore la création de milliards de tonnes de poussière. Nos industries sont à l’origine de résidus microscopiques qui se déposent dans nos maisons, nos jardins, nos espaces vitaux. Deux milliards de tonnes de poussière sont projetées dans l’espace chaque année. Les résidus plastiques, sous forme de microparticules, ne se contentent pas d’asphyxier les mers, plus de 1000 tonnes annuelles, volent et retombent dans les villes, les campagnes. La moitié de l’humanité respire un air de plus en plus pollué[3]. Dans certaines parties du globe, le niveau de pollution peut atteindre 5 fois la norme admise par l’OMS. Chaque année cette pollution cause le décès de quelques 5 millions de personnes[1]. La poussière est pratiquement partout. Nous n’y portons pas suffisamment attention et nous ne réalisons pas combien elle est une substance dangereuse qui a des répercussions sur la vie de millions de personnes. On sait que la poussière en suspension dans l’air a des effets sur le climat, la santé humaine, l’environnement (l’hydrologie) et divers secteurs socio-économiques. Selon les spécialistes cette pollution augmente quatre fois plus que prévue, ce qui fait perdre deux ans d’espérance de vie. Certaines maladies mortelles sont transmises par la poussière notamment la méningite. Un phénomène encore mal cerné mais qui affecte la mortalité de la population un peu partout dans le monde à l’exemple de la « fièvre de la vallée de San Joaquin »  potentiellement mortelle. Tous ces phénomènes ont un point commun : la diminution de l’humidité de l’air favorise l’augmentation de la volatilité des poussières polluantes quelle qu’en soit l’origine. Pourtant la terre regorge d’eau.

Une catastrophe à bas-bruit rend la terre stérile et l’atmosphère irrespirable. La modification des sols, la désertification des espaces n’est pas le seul fait du climat, mais de la prédation de l’homme. En 100 ans, la terre a été plus exploitée, maltraitée, transformée par l’homme que durant les derniers millénaires. La moitié des espèces animales recensées a disparu affectant les délicats équilibres de certains écosystèmes, d’autres prospèrent, à l’exemple de troupeaux de bovins, au détriment de l’environnement. Poumon de l’humanité, la forêt tropicale humide ne couvre plus que 7% de la surface de la terre. Faute de couvert végétal la pluviosité se réduit dans des milieux qui deviennent hostiles à la vie là où des orages monstrueux lessivent la terre. Cela réduit l’humidité de l’air, arase la terre en ne laissant que poussières sur des étendues gigantesques. Les évènements climatiques prennent des proportions quasi-bibliques, incendies titanesques, pluies diluviennes, trombes et ouragans cataclysmiques, sècheresses inhabituelles qui, conjugués rendent la terre infertile et inhabitable comme c’est déjà le cas dans de nombreuses régions. La pluviosité diminue, l’humidité aussi, laissant place à une sécheresse qui favorise les incendies en Californie ou en Oregon qui sont devenus des régions semi-désertiques comme l’Arizona, l’Oklahoma ou le Nevada. Des dizaines de milliers d’hectares ont déjà été ravagés dans le Sud de la Californie, des milliers d’habitations ont brulé, des milliers de familles se sont retrouvées à la rue cet été 2020. En 2019, l’équivalent des Pays Bas a disparu dans les incendies en Australie et une superficie au moins égale brûle ou disparait chaque année dans le monde. Nos déserts doivent beaucoup aux centaines d’années de déforestation durant lesquelles les forêts se transforment en savanes, deviennent arides faute d’humidité et disparaissent sous les flammes.  Des mers, des lacs, des rivières disparus faute de connaissances, de prise de conscience. Mais maintenant !?

La quantité de poussière dans l’espace a explosé et influence les régimes de pluviosité – Les variations climatiques en Afrique sub-saharienne, au Sahel, au sud de l’Europe, agissent sur la concentration de poussières dans l’air. Ces tempêtes de poussière sont des phénomènes météorologiques fréquents dans les zones arides et semi-arides. Elles sont généralement associées aux cyclones qui arrachent de grandes quantités de sable et de poussière aux sols nus et secs et les transportent dans l’atmosphère sur des milliers de kilomètres. Environ 40 % des aérosols présents dans l’atmosphère terrestre sont des particules de poussière dues à l’érosion éolienne. Ces matières minérales proviennent surtout des régions arides de l’Afrique du Nord, de la péninsule arabique, de l’Asie centrale et de la Chine. L’Australie, le continent américain et l’Afrique australe y contribuent de manière non négligeable. Soulevées du sol ces poussières étouffent la végétation qui protégeait la surface terrestre de l’érosion éolienne. C’est pourquoi la sécheresse augmente les risques de tempête de poussière, tout comme certaines méthodes de culture, d’élevage intensif et surtout une mauvaise gestion des ressources aquifères[2]. Ces poussières remontent vers le Nord poussées par les vents comme le Simoun, le Sirocco ou le Chergui  et sont à l’origine de réactions allergiques, d’infections bactériennes, favorisant les maladies respiratoires. Certaines poussières sont plus dangereuses que d’autres comme la silice cristalline pouvant causer la silicose ou un cancer des poumons. Ces poussières, notamment d’origines minérales, ont une incidence sur le climat. Leur présence influence la composition microphysique des nuages et leur capacité à absorber le rayonnement solaire. Ce qui a une répercussion sur la quantité d’énergie qui parvient à la surface de la Terre. Les particules de poussière influent également la croissance des gouttelettes et des cristaux de glace dans les nuages, ce qui a un effet sur l’abondance et sur l’emplacement des précipitations.

L’eau ne manque pas, c’est sa mauvaise répartition, c’est le manque d’investissements dans sa gestion et dans la recherche de gisements aquifères qui condamnent deux milliards d’êtres humains à n’avoir pas accès à l’eau potable et la plupart des urbains à des maladies respiratoires. Pourtant on sait que le réchauffement climatique est atténué par l’irrigation intensive, par la mise en eau de parcelles de terre qui deviennent cultivables. Un phénomène amplifié par l’augmentation des surfaces plantées qui engendre à son tour une amélioration de la couverture nuageuse, donc la pluviosité. En prenant le problème à bras le corps, 800 millions d’humains supplémentaires pourraient se nourrir si toutes les terres possiblement irrigables l’étaient grâce à une meilleure gestion de l’eau, soit une surface de 140 millions d’hectares selon Sciences Advances. Plus de mille milliards de dollars pour « la conquête spatiale » … et la guerre des étoiles, et pas un sou pour faire revivre la mer morte et voir revenir de l’humidité dans la région. A ce rythme il ne faudra pas attendre des milliards d’années pour que le soleil, en explosant, brule la belle bleue et les espèces encore vivantes. Il suffira d’un millénaire si l’homme dans sa fuite stupide devant les réalités, ne cesse de vouloir aller chercher de l’eau sur Mars alors qu’il serait plus avisé de mieux exploiter celle de sa planète natale.

Les déserts couvrent le tiers environ de la surface des continents et ne recèlent pas que du pétrole mais aussi des gisements aquifères colossaux non exploités. Le touriste qui s’aventure à Tozeur dans le sud Tunisien a la surprise de constater qu’il marche sur un sable saturé d’eau. Au centre de Tozeur, de l’eau chaude circule dans des ruisseaux traversant l’oasis. Le sous-sol du Sahara est gorgé d’eau. Les locaux, les méharistes et les voyageurs un peu observateurs le constatent régulièrement. Regardez attentivement la photo de la carte ci-contre. Elle illustre les points d’eau dans le Ténéré où trouver les puits. Vous remarquerez qu’elle dessine la rivière souterraine des eaux fossiles disponibles depuis des milliers d’années et un de ces gisements qu’on trouve partout dans le monde.

Sous terre, y compris dans les déserts des milliards de mètres cubes d’eau sont disponibles. Caché sous des dunes de sable, un fleuve comparable à la taille du Nil égyptien, le Koufrah avait disparu depuis environ 125 000 ans. Découvert dans l’Est de la Lybie, il fournit désormais d’énormes quantités d’eau douce. Ces découvertes de gisement aquifères se multiplient un peu partout dans le monde. Pourquoi en parle-t-on si peu ? Parce que ce n’est pas encore rentable !? L’humanité n’a pas d’argent pour exploiter et amener de l’eau dans les zones arides mais elle en a pour aller sur Mars. Alors ma question est la suivante : existe-t-il sur la Terre une forme de vie intelligente ? Denis. C. Ettighoffer 2022

 

[1] Climate and Atmosperic Science

[2] En France, l’irrigation des cultures avec de l’eau potable, chère, faute de fourniture alternative d’eau en est un exemple proprement scandaleux

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A propos de l'auteur

Denis

Denis Ettighoffer, fana de science-fiction, auteur de « L’entreprise virtuelle », le livre qui l’a fait connaître en 1992 est un des spécialistes français reconnus dans l’étude projective de l’impact des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication). Ses contributions à la réflexion sur les évolutions des sociétés, des modèles économiques et organisationnels sont nombreuses. Sa spécificité réside dans sa capacité à analyser le présent, pour en extraire les orientations économiques et sociétales stratégiques pour les décennies à venir. Son parcours atypique aura forgé chez lui une pensée singulière. Son dernier livre, « Netbrain, planète numérique, les batailles des Nations savantes » (Dunod) a reçu le prix du livre du Club de l’Economie Numérique en 2008. Denis Ettighoffer un temps Membre correspondant de l’Académie de l’Intelligence économique collabore désormais avec l’équipe d’IDEFFIE (Développement de l’expertise française et francophone à l’international et en Europe ) .

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