La mobilisation des réseaux d’Expertises favorise nos exportations
Partout dans le monde, des entreprises guignent les formidables marchés que représentent l’Europe. La bataille s’est déplacée car nous ne pouvons plus compter sur la productivité du travail, ni même du capital, pour faire la différence. Nous sommes désormais dans un monde qui est passé du « travail sans frontières aux frontières du savoir ». L’économie du futur s’installe dans les réseaux de compétences des filières professionnelles. La puissance économique du 21e siècle se constitue au travers de la robustesse de réseaux d’affaires et de compétences fédérées. Avec l’accélération du cycle schumpétérien de création/destruction d’activités, la productivité des échanges d’idées et de connaissances est, après celle du travail et du capital, le véritable enjeu des économies avancées. Lorsque l’on a conscience que plus de 70% du chiffre d’affaires des entreprises est réalisé avec des produits qui n’existaient pas il y a cinq ans, que 80% des références introduites dans la grande distribution ont une durée de vie d’environ 12 mois, on comprend qu’il n’y a pas que l’industrie automobile qui doit raccourcir ses cycles de « conception/mise sur la marché ». Ce n’est pas en constituant des « Bantoustans de l’économie » que l’on pourra développer nos entreprises, mais en constituant des « réseaux de centres d’excellence » thématiques. L’idée générale consistant à fédérer les différents maillons d’une chaîne professionnelle pour améliorer le fonctionnement des interfaces mais surtout pour favoriser et intensifier les échanges de connaissances.
Les Canadiens l’ont compris. Lancés dès 1997, les « Réseaux de Centres d’Excellence » regroupaient jusqu’à 20 réseaux spécialisés dans des domaines comme les technologies de l’information, la télé-enseignement, la technologie du béton, la pâte à bois, la robotique et l’ingénierie des protéines ainsi que les problèmes de gestion des ressources naturelles. Ils relient 48 universités, 37 hôpitaux, 76 organismes gouvernementaux, 65 instituts de recherches et 405 entreprises. En 2003, l’emploi dans l’ensemble des réseaux représentait 6500 professionnels dont 1400 professeurs et étudiants pour 22 RCE. Ils ont déposé 179 brevets et plus de 100 licences. Et surtout, ils ont décloisonné et dynamisé un nombre croissant d’acteurs divers qui ont découvert que l’on pouvait créer des chaînons manquants (des entreprises et des emplois) en conciliant la recherche avec les affaires. Ils ont ainsi généré 109 sociétés par essaimage.
L’enjeu est de rompre l’isolement des PME face à l’internationalisation des marchés. La réponse moderne au problème des délocalisations consiste à transformer une attitude défensive en opportunité offensive de pénétration de marchés nouveaux. Par l’encouragement à faire croître les grappes d’entreprises qui se fédèrent à partir de leurs pays d’origines pour s’implanter à l’international. Cela signifie pour le gouvernement qu’il lui faut encourager les grandes entreprises et les collectivités territoriales (mais oui !) à parrainer des réseaux d’excellence qui s’installent en territoires « étrangers » comme le faisait autrefois les bourgeois de St Malo lorsqu’ils finançaient les bateaux de commerce qui s’aventuraient « en Indes ». Nous devons adapter et promouvoir des incitations fiscales afin d’encourager les collaborations entre entreprises qui favorisent des implantations à l’étranger. Multiplier les plateformes et les réseaux de services dédiés à l’E. Collaboration associant recherche, universités et entreprises dans des communautés professionnelles spécialisées (Les futurs réseaux savants évoqués dans Netbrain). Au final, soutenir les réseaux d’excellence professionnelle revient à soutenir des leviers économiques du développement durable et la présence française sur les marchés internationaux.
La Lettre d’Eurotechnopolis Institut, Novembre 2004 Denis Ettighoffer
Président d’Eurotechnopolis Institut, auteur de « Mét@-Organisations ou les nouveaux modèles de création de valeur », Prix Turgot, Village Mondial, Paris 2000.
(1) : « Les Echanges intragroupes dans la mondialisation », Ministère de l’Industrie, Sessi (20 avenue de Ségur, 75353 Paris) (2) http://www.nce.gc.ca/indexfr.htm