Imag family businessEn me gardant bien d’aborder le sujet par une explication trop scientifique, dans mon livre, « eBusiness Generation, les micros activités gagnent de l’argent sur Internet », j’y traitais longuement un phénomène nouveau : La multiplication des « forces faibles de l’économie » agissant sur Internet. D’abord en montrant que sur la Toile, « les petits poissons sont plus nombreux que les grands » et qu’à ce titre une révolution en cachait une autre. Le livre démontrait que derrière le bruit fait par le e-Commerce « BtoB » dans les années 90 se développait une multitude de petites activités qui devenaient fiables du fait de la modification de la chalandise (avec son site on pouvait vendre dans le monde entier) et du coût d’accès très faible à la vente à distance pour les petites unités.

Chris Anderson le mettra aussi en évidence dans son livre « Thelongtail ».  Dès 2004, alors rédacteur en Chef de Wired, il explique que les produits faisant l’objet d’une faible demande mais par un grand nombre de personnes pouvait à la longue représenter une quantité bien supérieure aux quelques bestsellers en vue. Deux autres facteurs illustrent le développement de l’économie de faible intensité, caractéristique essentielle selon moi de la Netéconomie. Premier facteur, à la différence des biens matériels, avec les biens numériques ou « immatériels », il n’y a plus de limite à la notion d’abondance. La demande, même de très faible amplitude, peut croître à l’infini, comme l’offre pourra croître à l’infini. Ce qui, on s’en doute, va avoir des effets économiques cumulatifs ; en d’autres termes, à la longue, les « forces faibles » du marché engendrent des chiffres d’affaires très conséquents. En second lieu, les effets de seuil sont quasi imperceptibles (traditionnellement lors d’études de marché, il faut une demande forte et au moins « suffisante » pour lancer un produit ou un service). On verra que cette observation a une troisième conséquence ; elle favorise l’autoproduction au bénéfice d’une clientèle parfois même considérée comme « confidentielle ». En d’autres termes, la Toile, nouveau médiateur « économe », a pour caractéristique de favoriser le développement de « micro-niches » pour des millions d’activités libérales ou de très petites entreprises. Second grand facteur à considérer, le rôle stratégique des moteurs de recherche ou des sites spécialisés sur cette « économie de basse intensité ». On peut dire par exemple de Google que c’est le plus important moteur de recherche mondial, où le plus grand espion de la planète, mais c’est surtout le plus grand médiateur de la rencontre entre « les petits poissons » ! Amazon, on l’oublie parfois, en multipliant sur ses sites les offres de « supports » techniques à des micros activités, utilise intelligemment ce potentiel. Ebay fait de même en matière d’équipements et d’objets les plus divers en devenant lui aussi un intermédiaire quasi incontournable du commerce entre particuliers, entre les « petits poissons ». ebg1Nos lecteurs se souviennent peut-être de cette histoire d’une petite demoiselle américaine, qui, ne manquant ni de souffle ni de culot, avait lancé un appel au secours sur la Toile afin de récupérer quelques billets de un dollar pour faire face à son surendettement. Cela surprit et amusa tellement de gens qu’elle devint une vedette dans la presse et sur internet et reçut bien plus que son du. Cette jeune femme a utilisé les forces faibles de l’économie pour faire de petits ruisseaux une grande rivière. C’est encore le cas avec la vente par tombola. Actuellement, une mode se multiplie consistant à lancer sur Internet la vente de sa maison en la proposant sous forme de tombola. Chaque internaute intéressé par le dossier le reçoit en réglant une dizaine d’euros. Un dossier et un numéro d’ordre qui fait office de numéro de tombola. Un huissier proclamera les résultats. Le vendeur en proposant sa maison pour dix euros (plus de la chance) bénéficie d’une formidable publicité en attirant des milliers de postulants qui peuvent souhaiter une maison payée à un prix dérisoire… pour le gagnant, les autres n’y perdant pas grand-chose. Faut-il rajouter qu’il y a de fortes chances de récupérer largement le prix de vente demandé ? Là encore les forces faibles, l’économie de faible intensité aura joué un rôle primordial. Une force « de faible intensité » mais mobilisant des milliers d’internautes. Nous la voyons maintenant utilisée par un site de production musicale. Pour un investissement de quelques dizaines d’euros chacun d’entre-nous peut participer à la réalisation d’un disque pour un artiste qu’il a apprécié. Cela peut se faire par le biais d’un site comme http://www.spidart.com/societe qui réinvente la tontine, à savoir la coopération de plusieurs personnes pour aider quelqu’un – ici des chanteurs et des musiciens – à s’installer sur son marché. Cela représente quelques 70 000 euros de mécénat partagé par les internautes intéressés à coproduire un artiste. L’interactivité du site permet d’associer les sponsors pour travailler sur les titres, les pochettes ou la campagne de communication des artistes sélectionnés. On ne s’étonnera donc pas si c’est maintenant la production cinématographique qui entre dans la danse : voir www.2000prod.com qui propose à 20 000 internautes de verser un minimum de 50 euros pour participer à la coproduction d’un long métrage dont le scénario et les producteurs (Antoine de Caunes, Mathieu Kassovitz et Louis Becker) sont présentés sur le site. En cas de succès, 30% des bénéfices seront consacrés à fêter l’évènement. Rien que pour ça j’investis mes 50 euros, ils feront sans doute des petits… poissons ! Ainsi, grâce à la diffusion généralisée d’Internet, un nombre sans cesse plus important de gens, de peuples, de nations peuvent bénéficier des retombées de cette économie de « basse intensité » qui donne à la fois du pouvoir d’achat (on achète en direct) et du pouvoir de distribution (on produit en direct). La netéconomie, de ce point de vue, est en train de nous offrir un nouvel écosystème des marchés en ligne dont je soulignais en 1999, qu’il justifiait la mise en place de portails (ou plateformes) dédiés aux « petits commerces en ligne ». Epoque où je lançais le premier incubateur virtuel français pour les micros entreprises en ligne eBusinessgeneration.com

qui sera soutenu par la Région Poitou-Charentes.

eBusiness Generation, Les micros entreprises gagnent de l’argent sur Internet, Village Mondial, 1999 Nominé pour le Grand Prix 1999 du Livre de Management et de Stratégie de L’Expansion Management Review / McKinsey / Bol.fr

Pour suivre le blog d’Anderson voir http://thelongtail.com/

http://www.google.fr/search?hl=fr&lr=lang_fr&q=vente+tombola+maison&start=50&sa=N

Précédent

La folie douce des foules numériques intelligentes

Suivant

La Toile favorise la circulation non monétaire

A propos de l'auteur

Denis

Denis Ettighoffer, fana de science-fiction, auteur de « L’entreprise virtuelle », le livre qui l’a fait connaître en 1992 est un des spécialistes français reconnus dans l’étude projective de l’impact des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication). Ses contributions à la réflexion sur les évolutions des sociétés, des modèles économiques et organisationnels sont nombreuses. Sa spécificité réside dans sa capacité à analyser le présent, pour en extraire les orientations économiques et sociétales stratégiques pour les décennies à venir. Son parcours atypique aura forgé chez lui une pensée singulière. Son dernier livre, « Netbrain, planète numérique, les batailles des Nations savantes » (Dunod) a reçu le prix du livre du Club de l’Economie Numérique en 2008. Denis Ettighoffer un temps Membre correspondant de l’Académie de l’Intelligence économique collabore désormais avec l’équipe d’IDEFFIE (Développement de l’expertise française et francophone à l’international et en Europe ) .

2 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

13 − sept =

Voir aussi

cinq × un =