Rester un pays attractif pour les activités à distance. Extrait de EBusiness Generation de 1998 – Une étude du cabinet KPMG de 1997 montre que la Canada est le second pays le moins cher pour développer des logiciels et des sites d’e.business. Le coût salarial y est deux fois moins important que celui de la France. Les charges y atteignent 45 à 50% des coûts salariaux contre 15 à 20% au Canada. Montréal surtout constitue un concurrent redoutable car la ville tente d’attirer des cerveaux afin de devenir un pôle mondial du business électronique. L’affaire n’est pas faite… les ingénieurs canadiens s’expatrient vers les villes américaines de Boston ou de Seattle où ils trouvent de meilleurs salaires. La fuite des cerveaux accompagne la mondialisation des industries de services.
Avec l’avènement simultané des technologies de l’information et des télécommunications, les sociétés peuvent, si elles le veulent, délocaliser un certain type de travail hors de leurs centres traditionnels vers n’importe quelle partie du monde qui offre des avantages compétitifs. Ce n’est un secret pour personne que de nombreux sites français sont hébergés aux Etats-Unis car ils disposent de tarifs très bas comparés à ceux de la France ainsi que des bandes passantes encore sans comparaison. Par exemple, la bande passante offerte par Zarcom Industries Coporation était, en 1996, cinq fois supérieure à celle de la France entière. Enfin, et ce n’est pas rien, le site d’un abonné français est à proximité du plus grand marché du monde en ligne tout en disposant d’une meilleure répartition de la charge due à l’avantage du décalage horaire. Le terme «offshore » est peut-être un peu trompeur à présent, même si les Iles figurent en tête de la liste des acteurs majeurs. A plusieurs reprises nous avons eu l’occasion de souligner ailleurs que le danger de la délocalisation ne venait pas du télétravail, et donc de la concurrence entre les travailleurs, mais de l’installation des téléservices à l’étranger : là où l’on peut faire la marge (et l’y laisser !).
La Barbade et la Jamaïque ont toutes deux un secteur du traitement de l’information qui a démarré au début des années 80 (et même avant de manière embryonnaire) et fournit du travail à plusieurs milliers de personnes. D’autres activités plus petites ont lieu dans la République Dominicaine, la Trinité et Tobago, Grenade, St-Kitts et les autres îles des Caraïbes129. Sont aussi sur les rangs, les Philippines, la Chine, la Corée, la Malaisie, le Mexique, Shri Lanka et la Mauritanie. Le BIDC (Corporation pour l’Investissement et le Développement de la Barbade) estime qu’il y a 36 sociétés de traitement de données qui officient sur cette île, dont 6 emploient plus de 100 personnes. Les activités proposées recouvrent, le traitement de polices d’assurance, les services de traitement de transactions, le développement de logiciels, de la CAD (conception assistée par ordinateur), du management de databases ou bases de données, des services de traitement de contentieux, du télémarketing, l’entrée et le traitement de données, des opérations de préimpression (BAT), des applications d’OCR et d’imaging et de la composition (typo). Plusieurs sociétés barbadaises sont des filiales de grandes compagnies américaines qui se lancent dans la télévente et le télémarketing. Le gouvernement barbadais130 met de grands espoirs dans l’arrivée dans l’île d’un business relativement nouveau : le » Total Technology Solutions Ltd « . C’est la première tentative pour enrichir la chaîne de valeur et développer une société de production de logiciels à la Barbade mais aussi pour installer des centres de ressources techniques pour les services en ligne. TTSL est issu d’un joint-venture entre les USA et l’Inde et cherche à recréer l’un des succès de l’industrie indienne du software. En ce moment, la plupart des programmeurs sont indiens mais TTSL recrute également du personnel britannique et irlandais, en grande partie via Internet. La BIDC cherche à attirer les investissements en proposant une série d’avantages tels que:
- – Un impôt sur les bénéfices des sociétés de Traitement de l’Information de seulement 2,5%`
- -L’exemption des droits de douane pour les équipements relatifs à la production tels que les ordinateurs…
- – Le rapatriement plein et sans limite du capital, des profits et des dividendes
- – Des espaces de bureau subventionnés à louer dans des parcs industriels bien agencés
- – Des programmes de formation/mise à niveau subventionnés pour supporter le coût de la qualification des salariés (75% des salaires payés pendant la formation pendant 8 semaines).
- – 50% de réduction sur les tarifs de télécoms vers l’étranger
En d’autres termes, la virtualisation des activités se prête fort bien à la délocalisation de certaines activités. Si elles ne trouvent pas un contexte favorable à leur développement, les micro-activités françaises qui deviennent pour certaines des succès, donc des PME, s’installeront à l’étranger. Lors de certains de nos entretiens, l’agacement des chefs d’entreprises envers l’administration française et les élus qu’ils considèrent n’être pas «dans le coup » s’exprime chaque fois par la mise en avant de cette hypothèse. Déjà, des sociétés françaises font travailler des entreprises US qui leur coûtent moins cher et y ont installé des activités de services en ligne. Dans l’Euroland, cette délocalisation sera encore plus simple. Aujourd’hui, installer le siège social d’une micro-entreprise en ligne au Royaume-Uni reste légal et ne coûte que 5000 fr. capital compris. Ce phénomène bien que tabou, et sans doute encore marginal, ne doit pas être pris à la légère. Grâce à la sono mondiale, les cyberentrepreneurs sont les gens les mieux informés du monde. Il existe par ailleurs des forums spécialisés sur Internet pour s’organiser rapidement et à moindre coût afin de contourner en toute légalité les lois d’un pays mal avisé. Nous suggérons la mise en place d’une plate-forme officielle de multiservices administratifs au bénéfice des cyberentreprises en activité. Ce guichet d’accueil devrait pouvoir traiter une partie des problèmes administratifs des micro-activités en ligne après qu’elles aient accepté de se déclarer officiellement. Cette plate-forme spécifique, « le numéro vert » de l’Internet pour les services publics devrait aussi pouvoir recueillir les doléances, les remarques, les suggestions adressées aux services administratifs de l’Etat et aux élus qui seront partie prenante de l’animation de ce serveur.